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Depuis plusieurs années, les communautés homosexuelles en Côte d’Ivoire ont acquis une visibilité croissante, notamment à travers des événements publics, les réseaux sociaux et diverses initiatives associatives. Le récent festival Awawalé, qui s’est tenu en mai 2024 à l’Institut Goethe d’Abidjan, constitue un exemple emblématique de cette évolution, rassemblant plusieurs centaines de festivaliers autour de tables rondes consacrées à la promotion des droits des personnes LGBT+. Ce festival illustre la transformation du paysage social ivoirien, où la question de l’homosexualité, bien que toujours entourée de tabous, commence à être abordée de manière plus franche.
En dépit de cette montée en visibilité, les autorités ivoiriennes maintiennent une position de neutralité, s’abstenant de légiférer en faveur ou contre les droits des personnes LGBT+. Cette attitude contraste avec celle de pays voisins tels que le Ghana ou le Sénégal, qui ont instauré des législations plus sévères pour réprimer les pratiques homosexuelles. En Côte d’Ivoire, ce silence est souvent interprété comme une stratégie visant à préserver des relations diplomatiques et économiques avec des partenaires occidentaux, dont l’aide est parfois conditionnée à une certaine tolérance envers les droits des LGBT+.
Les institutions religieuses, quant à elles, demeurent majoritairement silencieuses ou adoptent une approche prudente, préférant éviter de s’engager publiquement sur un sujet aussi délicat. Dans ce climat de mutisme général, le bishop Vincent Kodja, fondateur de la Mission évangélique Grâce de Vie (Meg-vie), émerge en tant que critique virulent de l’activisme LGBT+ en Côte d’Ivoire. Il dénonce ce qu’il considère comme une déviation morale et une menace pour les valeurs traditionnelles ivoiriennes. Selon lui, l’exposition grandissante de l’homosexualité dans l’espace public constitue un péril pour la jeunesse et la famille, et il exhorte les autorités à prendre des mesures pour contrer cette tendance.
« Personne ne peut me faire croire que deux femmes ou deux hommes peuvent se marier. Ce qu’ils peuvent faire, c’est me mettre en prison. Souvent, nous avons l’impression que Dieu ne fait rien. Mais il nous a donné un esprit, un cerveau pour nous lever et nous opposer. Les choses se passent et personne ne parle. Il faut que l’Église s’exprime. Il faut que les hommes de Dieu aient le courage de dénoncer ces actions. Nous condamnons cela », a déclaré le prélat.
Le bishop Kodja représente l’une des rares figures publiques à exprimer ouvertement son opposition à la visibilité des communautés LGBT+, ce qui lui attire à la fois des soutiens et des critiques. Son discours reflète une partie de la population ivoirienne préoccupée par les changements sociétaux liés à l’acceptation des minorités sexuelles.
Par : Prince Nicolas