Un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a annoncé à la télévision, le 30 août 2023, avoir pris le pouvoir en raison du manque de crédibilité des récentes élections générales, peu après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo à l’élection présidentielle.
Selon ces résultats, le président sortant Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 14 ans, aurait obtenu un troisième mandat lors des élections de samedi avec 64,27 % des suffrages exprimés. Il aurait battu, dans un scrutin à un seul tour, son principal rival Albert Ondo Ossa, qui n’aurait recueilli que 30,77 % des voix, ainsi que 12 autres candidats qui n’ont récolté que des miettes, selon le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, qui s’exprimait à l’antenne de la télévision d’Etat Gabon 1ère. Le tout pour un taux de participation de 56,65 %.
Un groupe d’une douzaine de militaires et de policiers gabonais a annoncé, mercredi 30 août, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la présidence, l’annulation des élections au Gabon, la dissolution de « toutes les institutions de la République » et la « fin du régime ».
Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…) nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un de ces militaires disant s’exprimer au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions ».
« À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a-t-il ajouté.
« Toutes les institutions de la république sont dissoutes, le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale », a-t-il poursuivi, annonçant aussi la fermeture des frontières du pays « jusqu’à nouvel ordre ».
Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers. La déclaration a ensuite également été diffusée sur la télévision publique Gabon 1ère. Des tirs d’armes automatiques dans plusieurs quartiers de Libreville.
Appelant « les populations, les communautés des pays frères installées au Gabon ainsi que les Gabonais de la diaspora au calme et à la sérénité », les militaires ont aussi annoncé que les frontières étaient «fermées jusqu’à nouvel ordre». Au moment même où était lue cette déclaration, peu après 6 heures du matin, des tirs d’armes automatiques se faisaient entendre à Libreville, la capitale de cet Etat, l’un des plus riches d’Afrique en PIB par habitant mais qui demeure très inégalitaire.
Albert Ondo Ossa avait dénoncé des «fraudes orchestrées par le camp Bongo» deux heures avant la clôture du scrutin samedi dernier, et revendiquait alors déjà la victoire. Son camp a exhorté lundi Ali Bongo à «organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir» sur la base d’un comptage effectué selon lui par ses propres scrutateurs, et sans produire de document à l’appui.
Ali Bongo avait été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo, qui dirigeait le Gabon depuis plus de quarante ans.
Source: Togotimes