Monsieur Sama Kingsley, DP Journal Voix d’Afrique.
Près de 60 ans après l’indépendance, la France, à travers sa société du nucléaire (ex-Areva), exploite toujours l’uranium du Niger. Elle en retire plus de 19% de ses besoins pour alimenter les 56 centrales nucléaires qui permettent aux Français de bénéficier d’une électricité fiable et ainsi de développer leur économie dans nombreux secteurs. Pis encore, avec tout l’uranium extrait du Niger, elle vend même l’électricité produite à certains pays européens, tandis que la ville et le pays où est extrait cet uranium font quotidiennement face à des coupures de courant qui paralysent tous les secteurs d’activité. Aujourd’hui libre à ses biens, car ils ont pris conscience et dit non à l’exploitations de leur l’uranium.
Le Niger n’est malheureusement pas le seul pays victime de l’exploitation de ses ressources naturelles par la France avant de mettre fin. Plusieurs autres pays en font les frais, comme le Cameroun en Afrique centrale, qui compte pourtant 28 millions d’habitants mais ne semble plus offrir d’avenir à sa jeunesse. Malgré les compétences intellectuelles de sa population, le Cameroun est aujourd’hui considéré comme l’un des pays les plus dangereux au monde. Cette situation s’explique par le fait que la justice n’y est pas indépendante, étant aux ordres des hautes autorités. Dans un tel contexte, l’anarchie s’installe, car même les jeunes, autrefois porteurs d’espoir, se sont laissés corrompre par ce système sclérosé.
Dans de nombreux de nos pays africains, si nous devions procéder à une refondation de l’État aujourd’hui, il faudrait à mon sens commencer par assainir les rouages de la « Françafrique » qui tiennent encore la mainmise sur nos États. Comment comprendre, par exemple, qu’au Cameroun, pays producteur de pétrole, les citoyens n’aient aucune visibilité sur la gestion des revenus pétroliers, et que quiconque ose réclamer ses droits soit aussitôt jeté en prison ?
Pourtant, parmi les cadres de nos pays, il en existe qui, n’ayant jamais occupé de postes politiques, pourraient être les mieux à même d’engager ce nécessaire « nettoyage » pour remettre leurs pays sur de bons rails. Pour y parvenir, toutes les composantes de la société civile, intellectuelles et autres, devraient se réunir pour rédiger une nouvelle charte, instaurant des garde-fous afin que les citoyens lambda puissent enfin bénéficier pleinement des richesses de leur pays, dans le cadre d’une gouvernance équitable et dépourvue de tout tribalisme. Il faudra mettre de côté ces hommes et femmes sans scrupules qui hypothèquent l’avenir de leurs pays.
Par : Sama Kingsley