‹‹…hier encore à l’université de Ouagadougou, le jeune Capitaine montre qu’il est un espoir.››,
« L’Afrique a besoin d’un nouveau type de citoyen, dévoué, modeste, honnête, et bien informé, qui renonce à lui-même pour servir la Nation et l’humanité, qui ait la convoitise en horreur, et déteste la vanité. Un homme nouveau dont la force soit l’humilité, la grandeur, l’intégrité ». C’étaient les propos du leader N’KWAME NKRUMAH comme pour résumer en une seule phrase tout le malheur de l’Afrique. Et le Burkina Faso ne fait pas exception. 1960 – 2023, le compteur enregistre 63 années dites d’indépendance et 11 personnes ayant porté officiellement le titre de président de la République. Parmi ces onze présidents, l’histoire, elle, retient un seul grand homme , un seul leader social, et c’est Thomas SANKARA. Nous sommes actuellement dans une période où un autre président tente de rentrer dans l’histoire: il s’appelle le Capitaine Ibrahim TRAORE.
J’ai écouté une vidéo hier où un homme que je respecte beaucoup fustige les militaires et leur gestion du pouvoir. Qui sont- ils, ces militaires? Ils ne valent pas mieux que les civils, dit- il. Et il a parfaitement raison. Toutefois, j’aurais voulu qu’il fustige aussi les civils. Qui sont-ils, ces hommes politiques toutes catégories confondues? Ils ne valent pas mieux que les militaires. Mais, de telles questions sont faciles à se poser, et toutes les réponses qu’on leur apporterait ne changeraient rien. Posons- nous la seule et bonne question? Pourquoi, en soixante-trois années d’indépendance, presque tous les présidents qui ont dirigé le Burkina Faso ont échoué? Et la réponse s’affiche. Nous n’avons pas de leaders sociaux. Nous n’avons pas assez d’hommes et de femmes capables de renoncer à eux-mêmes pour servir la Nation et l’humanité. Tout le reste du débat relève des émotions et de la volonté d’affirmation.
Que c’est facile de s’affirmer!!. Que c’est facile de dire que les autres sont des incapables. Que c’est facile de dire que les autres ne peuvent pas diriger la Nation. Mais, répondons à cette phrase: avons-nous suffisamment de vertu pour faire mieux que les autres? On voit des hommes et des femmes qui fustigent la gestion du Capitaine TRAORE et qui ont été incapables de gérer avec un leadership social confirmé et non pas affirmé une structure d’État de moins de cinq cents ans employés. Et je le dis toujours: si vous avez échoué à la tête d’une direction provinciale, régionale, si vous avez échoué à la tête de la présidence d’une institution d’État, ne rêvez pas d’être président d’une République parce que vous allez échouer. On ne construit pas sa personnalité au palais, on construit sa personnalité avant de rentrer dans le palais. Il y a eu de bons rois et de mauvais rois. Prenons le cas de Roch KABORE. Tous ceux qui connaissent cet homme disent qu’il a échoué à moins de trente ans à la tête de la BIB. Que pouvait-il faire à la présidence de la République? Nos visions sont linéaires. Si vous bagarrez chaque jour avec votre épouse, ne cherchez pas à diriger des hommes.
Nous sommes nombreux à être dans le leadership d’affirmation. Nous sommes nombreux à nous satisfaire des théories lues dans les livres et autres documents de développement personnel. Mais, le leadership ,ce n’est pas de la théorie. Ils sont nombreux qui sont incapables d’encourager, de féliciter et de motiver. Regardez le comportement de nombreuses personnes face à l’argent. Vous travaillez ensemble dans une direction. Vous êtes directeur provincial, régional , vous êtes chef de service, on fait un don de 200 mille au service pour encourager les agents et parce que vous êtes le chef, vous prenez 75 mille et vous donnez 25 mille à plus de 10 personnes, vous pouvez chanter vos louanges comme vous voulez, mais vous ne pouvez pas diriger les hommes et avoir de bons résultats pour la société, pour la collectivité. Vos bons résultats, ça sera pour vous même et non pas pour les autres.
Une chose fondamentale nous manque: c’est le leadership social. Je ne parle pas du leadership d’affirmation que nous incarnons tous avec perfection. Je parle de la volonté de servir de façon désintéressée. Je parle de cette vision humaniste. Combien de Burkinabè félicitent et encouragent ceux qui se battent? Je me rappelle ce jeune frère qui est techniquement bon dans son domaine et j’ai tenu à le rencontrer dans la ville où il sert pour le féliciter et l’encourager. J’ai même acheté ses livres ce jour-là. Je publiais même sur Facebook pour l’encourager. Quand j’ai commencé mes formations, c’est lui qui publie pour mentir sur ma personne. Il sait bien qu’il ment, je lui ai dit qu’il mentait sur sa page, mais il tient à mentir parce qu’il est convaincu que son mensonge pourrait ternir mon image. J’ai ri et je l’ai bloqué. Quel est son défaut majeur? Il veut que les gens l’encouragent pour qu’il avance. Il est incapable d’encourager les gens pour qu’ils avancent. Pire, il souffre dans sa chair quand il voit l’autre produire de bons résultats. Et il n’arrive pas à se maîtriser. Il veut faire quelque chose pour rabaisser la personne. Le leadership de nombreux Burkinabè dépasse rarement cela. Le leadership dont parle Nkrumah ne réside pas dans l’affirmation. Il réside dans la volonté de servir sans discrimination. Les gens ne valent rien. Je suis le meilleur. Que c’est facile de chanter de telles cantiques. Que c’est même enfantin. Le leadership dont parle N’Krumah vient de la construction.
Le problème du Burkina ne vient ni des militaires, ni des civils. Détrompons-nous. Roch a échoué parce qu’il manquait de leadership social. Il ne s’est pas construit. C’est Salif DIALLO, fin stratège devant l’Éternel, le Machiavel du Burkina, qui a fait de Roch un président. Et depuis 2015, je savais qu’il allait échouer. Et j’ai écrit. DAMIBA a échoué. Lui, Dieu seul sait pourquoi il a accepté d’être président. On ne dirige pas avec la ruse, car même le lièvre est rusé. Il est pourtant un animal. La ruse convient plus aux animaux qu’aux humains. Le capitaine TRAORE que je soutiens et qui ne plaît pas à de nombreuses personnes incarne pour moi, les valeurs dont parle N’KRUMAH. Pour nous, les intellectuels, c’est difficile d’accepter que le leadership social ne vient ni du diplôme, ni du rang social, ni de l’envergure nationale. Je suis bien connu et je suis un leader social. C’est différent. Il y a des bandits de grand chemin qui sont bien connus. On a arrêté un grand trafiquant de drogue en Italie. Tous les médias en ont parlé.
On peut continuer à contester tout cela. . On peut continuer à célébrer son mérite au détriment des autres. C’est normal et c’est naturel, mais c’est loin d’être rationnel, car tout le monde peut le faire. Mais, hier encore à l’université de Ouagadougou, le jeune Capitaine montre qu’il est un espoir. Sa plus grande peur, c’est de trahir le peuple burkinabè. Et c’est la ligne de conduite du leader social: servir, être utile, donner le meilleur de soi pour enfin dire: j’ai fait tout ce que je pouvais faire, si cela n’a pas marché, certainement que la charge était trop lourde. SANKARA aussi avait cette vision.
Je ne vois pas le développement du Burkina dans les élections et la démocratie. C’est utopique de croire que le développement réside dans l’organisation des élections. Roch a été élu. Il n’a pas fait un coup d’État. Je ne vois pas non plus le développement du Burkina dans les coups d’État successifs. Les coups d’État fabriquent des aventuriers, des hommes souvent dans la moindre vertu. C’est la courte échelle. Je vois le développement du Burkina dans le leadership social: des hommes et des femmes simples, décomplexés, téméraires, assez lucides qui aiment les autres hommes et les autres femmes sans discrimination et qui voudraient les servir. C’est tout.
Je ne soutiens pas le Capitaine TRAORE parce qu’il est militaire. Je n’ai pas soutenu DAMIBA. Je soutiens le Capitaine TRAORE parce que dans mon domaine, l’observation est la méthode. Je n’ai pas de perception. J’observe naturellement. Et tout me dit que sur l’échelle sociale, ce jeune homme est à un niveau où moi-même je me bats pour y arriver. C’est rationnel. J’attends le jour qu’il montrera que je l’ai placé à un niveau où il n’est pas encore arrivé. L’observation peut conduire à de fausses hypothèses difficiles à vérifier.
Je ne soutiens pas par passion. Mon domaine, c’est la connaissance des hommes. Il y a bien des marges d’erreurs. Ce n’est pas une science exacte.
Par : Adama Amadé SIGUIRE
Écrivain Professionnel/Consultant