La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été créée, comme on le sait, pour promouvoir une véritable intégration sociale et économique au sein de l’espace géographique constitué par ses Etats membres. Mais depuis le début de la décennie 2000, avec l’adoption de son protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, l’organisation communautaire a pris un virage dangereux, s’ingérant beaucoup plus dans la politique intérieure de ses Etats membres au détriment de la vocation première pour laquelle elle a été créée, à savoir la promotion d’une intégration sociale et économique véritable.
Dans ce domaine, des avancées notoires ont été enregistrées pour faciliter la circulation des citoyens de ses Etats membres dans l’espace. Il serait malhonnête de le nier. Mais l’organisation n’est pas parvenue à cette date à mettre fin à certains goulots d’étranglement, notamment les tracasseries routières persistantes au niveau des postes de contrôle policiers et douaniers.
Entre autres difficultés, il y a cette pratique de racket systématique. Même s’il a ses pièces en règle, le citoyen d’un pays X qui voyage dans un pays Y de l’espace communautaire est le plus souvent obligé de mettre la main à la poche au niveau de certains postes de contrôle. C’est la règle. Le côté insupportable de la pratique, c’est qu’ils ne se limitent aux frontières seulement ; d’autres sont érigés à l’intérieur des pays et au niveau chaque poste, le portefeuille du passager, qui n’est pas un citoyen du pays hôte, est soulagé de quelques billets de banque. Les véhicules de transport sont soumis parfois à de longs arrêts.
La CEDEAO a initié une multitude d’actions en vue d’éradiquer ces pratiques dont se plaignent beaucoup les populations de l’espace, sans y parvenir. Le Burkina Faso, le Mali et Niger, nos trois pays du Sahel sont diabolisés ces dernières années par la fameuse communauté internationale, avec en ligne de front la CEDEAO et l’UEMOA, parce que tout simplement des militaires ont dégagé du pouvoir des politiciens corrompus et incapables de lutter efficacement contre le terrorisme.
Les sanctions illégales et sauvages qui leur ont été imposées du fait notamment de l’interruption du processus démocratique par des militaires ont conduit les trois pays à quitter sans délai la CEDEAO, qui est devenue une organisation fantoche, à la solde de certaines puissances impérialistes hostiles à toute forme d’émancipation des pays africains vis-à-vis de l’Occident.
Les trois pays ont décidé, comme on le sait, de se retirer de façon concertée, après avoir préalablement créé une nouvelle organisation d’intégration militaire, sociale et économique appelée Alliance des Etats du Sahel (AES), à la grande satisfaction des populations de l’espace, qui ont accueilli avec joie l’initiative. Les ambitions nourries par l’AES en matière d’intégration sociale et économique vont au-delà de celles portées par la moribonde CEDEAO. Primo, les trois pays ont décidé d’ériger l’AES en Confédération, qui constitue déjà une décision très forte en matière d’intégration au niveau des trois pays. C’est ainsi que les trois pays ont décidé de mutualiser, par exemple, leurs forces et leurs moyens dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui est une préoccupation majeure partagée. Concernant les politiques publiques en matière économique et sociale, elles seront désormais réfléchies et financées de façon endogène sur fonds propres des trois Etats.
Les partenaires techniques et financiers (PTF) qui veulent accompagner l’AES dans sa lutte d’émancipation et ses efforts de développement endogène sont les bienvenus, mais ils ne peuvent en aucune façon interférer dans les prises de décisions et imposer des conditionnalités pour le décaissement de leurs fonds et autres formes d’appuis.
Quand dire, c’est faire. Les citoyens du nouvel espace communautaire attendent impatiemment de voir les politiques publiques qui seront mises en œuvre de manière soutenue pour sortir les trois pays du sous-développement.
La rédaction