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Le Burkina Faso est l’un des grands pourvoyeurs de bétail dans la sous-région.ll raisonnable que les pays côtiers achètent le bétail du Burkina Faso, alors même que la viande y est vendue pratiquement au même prix qu’au Burkina, et de surcroît de meilleure qualité ? Décidément, quelque chose doit être fait dans ce domaine. Il nous faudra penser à limiter la sortie du territoire du bétail sur pied.
Ce qui mettra à la disposition de nos populations de la viande de meilleure qualité pour l’alimentation, tout en mettant à la disposition des artisans et des ateliers de tannage, de la peau de qualité en abondance pour l’artisanat et l’industrie du cuir.
La sortie massive du bétail sur pied ne favorise pas une articulation heureuse entre l’agriculture et l’élevage. C’est cette articulation qui, en Mésopotamie, a été à l’origine de la civilisation actuelle il y a près de dix mille ans. Après l’avènement de l’agriculture, la domestication des animaux de trait a permis l’invention de la charrue, de la roue, de la charrette, et plus tard du carrosse et de la voiture automobile. L’amélioration de la production agricole par l’usage de la charrue a permis l’accumulation qui allait donner naissance aux premiers ateliers de transformation.
Ici au Burkina, nous importons des tricycles pour le petit transport, alors même que nous ne produisons ni ne raffinons du pétrole. Sans parler des pièces de rechange qui sont toutes importées.
C’est autant d’argent transféré à l’étranger, pour aller contribuer à construire d’autres pays au détriment du nôtre. Pour réduire cette extraversion économique, nous devrons urgemment stimuler l’innovation et la recherche afin de mettre les bases d’un développement industriel créateur de valeur ajoutée et d’emplois. N’ayons pas peur d’oser. Bien au contraire, selon les termes du Président Thomas Sankara, osons inventer l’avenir.
L’abondance du lait suscitera nécessairement la consommation locale, et poussera à la mise en place d’unité de conservation et de transformation. Si le yaourt et le fromage ne sont pas dans les habitudes alimentaires des Burkinabè, c’est parce qu’ils ne sont pas produits en quantité suffisante et à prix abordables. Qui aurait su, en 1980, que le haricot vert et la pomme de terre feraient maintenant partie des habitudes alimentaires des Burkinabè, du moins des citadins ? Pour cela, il a fallu la politique volontariste du Conseil national de la Révolution sous le leadership du Président Thomas Sankara. Les dés de notre avenir sont entre nos mains, à nous de savoir jouer. Dans la mesure des moyens de l’État, tout sera proposé, rien ne sera imposé. Il s’agira de favoriser l’éclosion des opportunités pour ceux qui veulent se battre.
Le conflit russo-ukrainien a mis en exergue la dépendance de l’Afrique dans l’approvisionnement en engrais et sur certains produits alimentaires de grande consommation tels que le blé. Il est donc temps d’explorer nos potentialités locales pour sécuriser, dans la mesure du possible, nos besoins en intrants agricoles mais aussi de remettre la question de l’autosuffisance alimentaire dans les objectifs de court terme à atteindre dans le cadre de nos politiques agricoles.
Par : Apollinaire Joachimson KYELEM de TAMBELA